Là où tout a commencé

Aujourd’hui je t’emmène au cœur des racines du pays, là où tout a commencé, où deux mondes : celui des Maoris polynésiens et des colons européens, se sont croisés, affrontés, puis réconciliés pour créer l’actuelle Nouvelle-Zélande. Bienvenue à Waitangi !

Dans chaque pays il y a des lieux qui sont chargé d’histoire. Waitangi appartient à ceux-ci, mais la prairie est d’autant plus fameuse qu’elle a été en 1840 le lieu où 512 chefs maoris et les colons britanniques ont signé une sorte de contrat d’association. Selon le document, les Britanniques assuraient la propriété des terres aux Maoris et leur octroyaient plus ou moins les mêmes droits qu’aux sujets de la couronnes. En contrepartie, les Britanniques assuraient la sécurité des Maoris et bien entendu l’entier du territoire devenait partie du Royaume. Le lieu mythique où cette signature eût lieu est Waitangi et à l’endroit même où le traité fût signé, un mat portant trois drapeaux a été planté. En bas du mat, l’Union Jack et le drapeau maori, au sommet : le drapeau néo-zélandais.

Waitangi est depuis devenu un lieu de rencontre entre les Maoris et les Kiwis d’origine européenne. Un musée y a été érigé, qui revient sur les premiers pas de ces deux mondes sur la terre Néo-Zélandaise. L’exposition est courte mais extrêmement bien menée. Le visiteur débute par un passage entre deux séries de panneaux. A droite les premiers pas des colons, à gauche ceux des Maoris. L’approche des uns et des autres montrent à quel point ces deux cultures sont différentes. La suite de l’exposition est consacrée aux premiers échanges, aux premiers conflits également mais aussi aux premiers rapprochements. Témoin de ces échanges : le premier document où le maori est écrit. Cette langue d’origine polynésienne (les Maoris de Nouvelle-Zélande et ceux de Polynésie sont tout à fait capable de se comprendre, à l’instar des Suisses allemands de différentes villes) n’était à l’origine pas écrite. Il s’agit d’une culture orale et les seules traces matérielles sont les sculptures et les tatouages. Un missionnaire du nom de Thomas Kendall fût néanmoins dans les années 1820, le premier a réalisé un traité permettant d’écrire le maori, qui fût utilisé par les missionnaires de tout le pays, notamment pour l’enseignement.

Waitangi comporte également trois Kana, les fameux canoës, en l’occurrence des canoës de guerre. Ces engins impressionnants, sculptés dans le tronc géant d’un Kauri, pouvaient embarquer jusqu’à 80 pagayeurs et une quarantaine de passagers, soit 120 personnes à bord en tout. Un visage est sculpté à la proue, figurant un guerrier ou un dieu, dont l’esprit et le courage accompagnera les occupants. Le long du navire, des imperfections ont été sciemment réalisées le long de la coque. Ces petites bosses ont été pensées pour améliorer le dynamisme de l’embarcation dans l’eau, de même que la prouve élevée, qui à l’instar de la gouverne d’un avion, garanti la stabilité du navire.

 

Le lieu abrite également une Wharenui, une maison du village. Celle-ci a cela de particulier qu’elle n’est pas le lieu de rencontre d’une seule tribu, comme à l’accoutumée, mais de l’ensemble des tribus. Chacun des piliers de l’édifice a donc été sculpté en référence et en hommage à une tribu du pays. L’entrée est placée sous le regard et la protection de Kupe, le premier explorateur du pays. C’est dans ce lieu que j’assisterai à un show culturel, une démonstration d’environ une trentaine de minutes, résumant les coutumes maories. L’accueil est déjà intéressant : notre groupe est prié de désigné un chef, qui devra aller à la rencontre des guerriers de la tribu. Ces derniers nous accueillent avec un aka plutôt impressionnant et dépose une gerbe de fleurs devant Bryan (le pauvre touriste qui a été désigné volontaire pour être le « chef » de notre tribu). Ce dernier doit alors s’avancer, se pencher et remettre la gerbe au chef du village, signifiant ainsi que ses intentions sont pacifiques. Suite de quoi nous sommes autorisés à entrer dans la Wharenui.

Le show en lui-même permet de découvrir l’utilisation de la guitare, qui à l’instar des Polynésiens, a été introduite par les colons européens, mais adoptée et fait désormais partie de la culture maorie. Les femmes de la tribu nous montrent le maniement des Poï. Des boules blanches reliées à une corde, avec lesquelles elles frappent le creux de leurs mains et leur torse, en rythme avec la musique. Le maniement des Poï n’est pas uniquement destiné à la musique, c’est aussi un exercice utile au maniement des gourdins. On nous montre également le maniement du long stick, un baton qu’il s’agit en équipe de se passer sans le laisser tomber. Un jeu qui lui aussi vise à travailler les réflexes. Puis les guerriers de la tribu nous montrent quelques figures d’utilisation des lances. Ces dernières sont pointues et tranchantes à une extrémité, néanmoins leur partie la plus dangereuse est la base, constituée par un manche en bois massif, permettant d’assommer l’ennemi.

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La cérémonie se conclut par le fameux aka mate, mais surtout, au terme de celui-ci, alors que les Européens que nous sommes applaudissent, la maman de l’une des membres de la troupe d’artistes, entame une longue mélopée de remerciement. Il est ainsi de coutume chez les Maoris, d’exprimer leur gratitude. C’est à la fois fort et touchant, car l’on sent que de tout ce qui vient de se passer, c’est le moment le plus sincère. Ici rien n’est feint, ni les larmes de la fille, ni l’enthousiasme chanté de sa maman.

Me voici à nouveau dehors, dans le monde actuel, mais désormais un peu plus conscient de la richesse de ce pays. Fruit de l’union volontaire (même s’il ne faut pas tomber dans l’angélisme et le traité comporte également de nombreuses parts critiquables) de deux cultures, de la rencontre de différents mondes qui tout en continuant à avancer ne cessent de construire des ponts.

 

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