Cape Brett Track

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Le B787 d’Air China a décollé depuis plusieurs heures d’Auckland au moment où j’écris ces lignes. J’ai quitté la Nouvelle-Zélande comme je l’ai trouvée : pluvieuse et fraiche. C’est assez étonnant car à midi encore, j’enclenchais la climatisation dans la voiture pour supporter les 24°C ambiants. Bref, il est 20h20 lorsque nous décollons, plus ou moins la même heure à laquelle j’arrivais il y a une grosse vingtaine de jours (notre avion avait alors du retard).

Mais les similitudes entre le début et la fin de ce voyage ne s’arrêtent pas là. A l’instar de mes premiers pas en terres kiwis, j’ai partagé ma dernière excursion en compagnie de Français. J’ai rencontré Angélique, Sophie, Thibault et Romain alors que j’attendais d’entrer dans mon airBnb assis sur un banc au bord d’une baie à proximité de Rawhiti. Ce lieu ne vous évoque rien ? Pas étonnant, c’est un cul de sac situé dans la baie of Island, à quelques trois heures de route au nord d’Auckland. Le climat constitue le premier attrait de la région : alors que la majorité du pays se retrouve sous la pluie, ici comme à Napier, les montagnes empêchent le mauvais temps (qui vient toujours de l’Ouest, certains Kiwis diront « de l’Australie ») d’atteindre les lieux. L’autre intérêt du lieu, outre la beauté des paysages et mon attrait naturel pour les trous perdus, c’est le Cape Brett Track. Un sentier d’une quinzaine (16 pour être précis) de kilomètres, qui longe la côte jusqu’à l’extrémité de la presque-île sur laquelle se trouve Rawhiti (et Russel).

Mais je m’égare. Je parlais des Français. Je les ai rencontrés alors que j’attendais de pouvoir entrer dans mon airbnb (la logeuse étant allé faire des courses « au village », comprendre au shop le plus proche, situé à une quarantaine de minutes via des routes pour partie non goudronnées. La bande cherchait un lieu pour garer leur camping-car et une chose en entraînant une autre, c’est dans le jardin de ma logeuse qu’ils ont fini par le faire (coiffant au passage au poteau la gérante du parking officiel pour camping-car situé juste à côté et facturant 18$ par tête, la nuit passée dans son jardin.

Nous sympathisons et ils m’invitent pour l’apéritif. J’apprends qu’ils sont en Nouvelle-Zélande depuis un mois et, à peu de choses près, nous avons réalisé le même parcours. Ils ont prévu d’aller marcher le long du Cape Brett track le lendemain. Je leur indique que moi aussi, que j’ai fait les huit premiers kilomètres dans l’après-midi, mais étant partis trop tard, j’ai préféré revenir en arrière à mi-chemin. Eux ont réservé un « water taxi » le lendemain, pour les ramener depuis le Cape Brett, leur évitant de parcourir à nouveau en sens inverse les 16km du sentier. Décision est rapidement prise : nous partirons chacun de notre côté le matin, mais nous retrouverons au dixième kilomètre (une petite plage), achèverons la randonnée ensemble et rentreront en water taxi.

Me voici donc debout aux aurores le lendemain, tant et si bien que je suis au départ du track à 7h30. Une excellente décision, puisque cela me permet d’admirer les dauphins arriver dans la tranquille baie d’Oak après leur nuit de pêche au large. Les premiers kilomètres du sentier sont connus et même si le chemin de terre est raide au départ, le fait de connaître la suite et surtout la fraîcheur matinale rendent la chose plus aisée. Arrivé au sommet de la première colline, la vue sur la baie of Island est toujours aussi magique.

La suite du sentier me permet à nouveau de jouer avec les oiseaux. Les petits spécimens en particulier sont très curieux. Pour un peu que l’on reste immobile, ils ne tardent pas à voler autour de nous. Quelques mètres plus loin, un cri dans un terrier me met la puce à l’oreille et je tombe nez à nez avec une fouine, sans doute aussi surprise que moi. Bref, je débute la randonnée un peu comme Cendrillon dans sa forêt, jouant avec les animaux et m’émerveillant des paysages.

La plage où nous avons prévu de nous rejoindre avec les Français, Depp Water Cove, décrite par les guides comme un lieu opportun pour « se rafraîchir et pratiquer de snorkeling » est en fait jonchée d’une armée de méduses, qui s’échouent de plus en plus nombreuses au moment où j’arrive. Tant pis, j’avais longuement hésité au départ du sentier à prendre ou ne pas emporter mon maillot de bain et ma serviette, j’aurais finalement mieux fait de m’abstenir. C’est à cinq que nous achevons cette superbe balade avec l’arrivée au phare du Cape Brett. Une dernière arrête nous offre un coup d’œil panoramique, à la fois sur l’océan et sur la baie, puis vient le phare, d’un blanc immaculé, qui tranche avec le bleu profond des flots.

Le temps de partager un pique-nique et notre water taxi débarque, à la minute précise convenue. Comme souvent ici c’est une femme qui en est le capitaine. Si monter à bord se révèle acrobatique (pas de ponton), ce n’est rien face à la suite de la navigation. Un rapide « safety briefing » plus tard, notre capitaine met les gaz et la petite embarcation fend les flots dans un boucan métallique assourdissant à chaque fois que la coque rencontre une lame un peu plus grande que les autres. Une vingtaine de minutes suffisent pour nous ramener au point de départ. Je prends congé de la bande francophone et me rend à Auckland, passer la dernière nuit chez Patrick, le Français chez qui j’avais passé les trois premiers jours.

Dans le B787 d’Air China qui me ramène à Pékin, la place qui m’a été attribuée est au fond de l’avion, encastré entre deux passagers (au demeurant sympathiques). A peine le décollage passé, je repère une place à l’avant qui est encore libre et, avec l’accord de l’équipage, retrouve par hasard exactement la même place que celle que j’avais à l’aller. La boucle est ainsi bouclée, me voici de retour à la maison.

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