Les petites histoires

Le B777 d’Air China survole les Sayan orientaux au moment où j’écris ces lignes. Je ne connaissais pas jusqu’à l’existence de cette région du monde avant de la survoler à plus de dix kilomètres d’altitude. Le seul repère géographique qui évoque vaguement quelques vieux cours de géographie est le lac Baïkal situé quelques centaines de kilomètres plus au sud et la ville de Kansk, que je pourrais apercevoir de mon hublot si j’avais le droit de l’ouvrir, rappelle quelques anciens cours d’histoire. Bref, je suis en Russie, plus précisément en route pour le cercle arctique, la voie aérienne la plus courte pour relier l’Asie à l’Europe.

C’est ce moment que je choisis pour refaire le point sur certaines histoires. Des anecdotes qui ont rythmé le cours de mon voyage et que je n’ai pas forcément intégrées dans mes récits, mais qui font le sel d’une telle aventure.

 

Les lasagnes pour chat

En partant de chez Yvan et Vanessa cette dernière m’offre une part de lasagnes maison pour la route dans un Tupperware. Alors que je m’arrête sur une aire de pique-nique à midi et déguste avec enthousiasme mon en-cas, je ne manque pas de remarquer que la famille de touristes attablée juste à côté épie chacun de mes gestes. Leurs visages expriment tantôt l’inquiétude, tantôt le doute. Pas affecté au départ, leurs mimiques à peine cachées, finissent par me mettre mal à l’aise et de retour dans la voiture, je ne manque pas de vérifier si je n’ai pas un bouton immonde qui m’aurait soudainement poussé sur le visage ou si un oiseau ne m’aurait pas déféqué dans les cheveux (mais même, le cas échéant, cela n’expliquerait pas ces têtes). Quelques dizaines de kilomètres plus tard, le mauvais temps chasse des torrents de pluie sur la route qui m’emmène à Karamea entraînant avec lui ces pensées. Ce n’est qu’en arrivant au Bed & Breakfast, alors que je défais mes bagages et retombe sur le fameux Tupperware que je comprends ce qui s’est passé. La boite contenait initialement de la nourriture pour chats. « Super combo saver » indique en caractères rageurs la notice, accompagnée d’un texte gras immanquable : Cat Food et son illustration d’un félin, au cas où l’on n’aurait pas saisi. J’avoue m’être fendu la poire tout seul en repensant à cette pauvre famille, qui devait alors être convaincue d’être tombé sur un adepte de nourriture pour animaux domestiques et qui en plus, avait l’air de sacrément aimer ça !

 

Un chien dans le coffre

Celle-ci est beaucoup plus courte. En sortant de Countdown après ma journée avec les dauphins, la tête encore dans les nuages, j’ouvre machinalement le coffre de ma Toyota blanche. Quelle n’est alors pas ma surprise de me retrouver face à un chien, gentiment assis dans mon coffre. Par réflexe je referme la porte et c’est en voyant la plaque numérologique que je réalise que ma voiture est en fait le même modèle, mais parquée à côté. Un bon exemple du fait que les Kiwis ne verrouillent jamais leur véhicule.

 

Hamilton, Steward Island…ou presque

AirBnb est un outil fantastique, mais la technologie a ses limites. Ma première expérience se passe lorsque je me mets à la recherche d’un logement sur Stewart Island. L’île est minuscule et les habitants concentrés autours du village d’Oban. Si l’on trouve quelques offres via AirBnb, il s’agit majoritairement de Bed & Breakfast plutôt luxueux et tous bien au-dessus de mes standards financiers. Après une dizaine de minutes de recherche, le site internet me propose dans les environs un logement entier pour la moitié du prix des autres. Je n’hésite pas une seconde et réserve immédiatement. Ce n’est que le lendemain que je réalise que Bluff n’est pas sur l’île de Stewart Island. Techniquement, c’est bien « à proximité » d’Oban, mais apparemment AirBnb ne tient pas compte de légers détails tels que…une mer entre deux !

Ma réservation à Hamilton va un peu dans le même sens. Je pensais avoir décroché la perle rare : un logement vraiment sympa, des gens tout aussi sympas d’après les commentaires et un prix sexy. Sans hésitation là non plus : je réserve avec enthousiasme ma nuit à Hamilton et mon futur logeur de m’écrire le lendemain qu’il est bien entendu tout à fait heureux de m’accueillir chez lui, mais qu’il habite à Hamilton…au Canada !

 

Safety rules, en passant

A mon arrivée à Wellington, j’ai découvert ce vent dont on m’avait déjà parlé, celui qui te permet de te pencher à 45° en avant sans risquer de tomber. Celui qui fait de toute sortie une aventure. Mais la véritable nature de la ville m’est apparue le soir lorsque ma logeuse, au moment d’aller me coucher me souhaite bonne nuit puis ajoute, le plus naturellement du monde « ah au fait, j’allais oublier : en cas de tremblement de terre, si cela secoue beaucoup, sautez par la fenêtre. La dernière fois on a pu atteindre la porte principale, mais ne prenez pas de risques inutiles. Ah, et conservez vos baskets à proximité, pour éviter de marcher sur des morceaux de vitre cassées.

Trois semaines plus tard, à Hamilton, Jarenne m’avoue que lors du dernier tremblement de terre, celui-ci a été tellement violent et long qu’elle en a eu le mal de mer. Je lui demande où elle était et ce qu’elle a fait. Elle me répond qu’elle était couchée et qu’elle est restée couchée tout simplement, elle avait la flemme de se lever et puis… ce n’était qu’un tremblement de terre.

 

Conduire en Nouvelle-Zélande

La première anecdote c’est celle de mon permis de conduire international. Arrivé à Auckland après 33 heures de voyage, j’avoue que j’étais un peu sur les rotules, mais surtout j’étais inquiet : la nuit tombait et je redoutais de devoir conduire pour la première fois de ma vie à gauche et de nuit en plus. Arrivé au guichet de location, au moment de remettre mon permis de conduire international, impossible de remettre la main dessus. J’en conclu que je l’ai oublié en Suisse et lui demande naïvement s’il n’est pas possible de finaliser la transaction avec mon permis helvétique. L’employée rigole et me répond que non. Elle m’indique que vu l’heure, il est possible d’organiser une traduction, mais cette dernière me coûtera une centaine de francs. Soulagé de voir qu’une solution existe, j’accepte et coup de chance : le bureau de traduction est encore ouvert. Le document sera donc traduit en une trentaine de minutes au tarif standard, soit une trentaine de francs. L’anecdote c’est que j’ai retrouvé le fameux permis de conduire international le lendemain, il était bien rangé dans mon sac à dos, avec tous les papiers importants.

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