Hiroshima ou le temps suspendu

 

De nombreux événements se sont déroulés entre le dernier article et le moment où je rédige celui-ci. Nous avons malheureusement dû abandonner « Kubi », sauvagement happée par un chauffard, mais ça ce sera pour le prochain article. En attendant, retour sur la halte la plus au Sud de notre périple : Hiroshima, la ville où le temps s’est arrêté un 6 août 1945.

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Hiroshima-jo fut construit en 1590 sous les ordres de l’empereur Mori Terumoto. Détruit en 1945 suite au bombardement atomique, le chateau fut reconstruit à l’identique en 1958.

Base arrière stratégique de l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale, Hiroshima fût prise pour cible de toute première bombe atomique de l’histoire. Le 6 août 1945, à 8h15, le soldat américan Paul Tibbets aux commandes de son B-29 larguait Little Boy, une bombe atomique à l’uranium 235. Larguée à 9’000m d’altitude, l’engin explose à moins de 600m du sol et tue instantanément 75’000 personnes. Dans les semaines qui suivèrent, près de 50’000 personnes supplémentaires décèdent des effets directs de l’explosion et des retombées radioactives. Si le nombre précis de victime directes reste impossible à déterminer, on estime qu’environ 250’000 personnes perdirent la vie à Hiroshima des suites de l’explosion de Little Boy. La ville, quant à elle, fût entière rasée.

Seuls quelques bâtiments ou pans de bâtiments, échappèrent au souffle de l’explosion et aux flammes. Parmi eux, le dôme de Genbaku : un centre d’exposition situé à quelques centaines de mètre de l’épicentre de l’explosion. Malgré l’intensité de cette dernière, les structures métalliques du bâtiment ont tenu bon, faisant de l’édifice un symbole du tragique événement. A notre arrivée, un groupe de bénévoles s’y trouvent et accueillent les touristes. Mito Kosei, l’un d’entre eux, explique à un groupe de Coréens de passage, qu’il est un survivant in utero, autrement dit, sa mère se trouvait à Hiroshima lors de l’explosion et lui était encore dans son ventre à ce moment précis. Mito est guide volontaire au pied du dôme depuis 2006 et espère par son action contribuer à sensibiliser le monde aux ravages de l’arme atomique. Il tient également un blog : http://blog.livedoor.jp/mitokosei/

Du dôme, nous nous dirigeons au musée mémorial de la paix. Visite émouvante au milieu d’effets personnels laissées par les victimes du bombardement. Au milieu des affaires, des tenues d’écoliers. Les plus jeunes habitants d’Hiroshima étaient nombreux en août 1945 à être mobilisés dans le cadre d’un plan de démolition d’immeubles, en prévision d’une attaque aérienne « classique » (les immeubles démolis servaient de remparts, évitant au feu de se propager à l’ensemble de la ville). La visite se poursuit par un explicatif technique du mécanisme d’une bombe nucléaire ; les effets sur la santé des victimes survivantes (des lésions intestinales et respiratoires à moyen terme et de nombreux cancers à long terme) et les effets sur les structures et bâtiments. Que dire de plus…l’équivalent de la population actuelle de Genève est décédée à la suite d’une explosion qui a duré moins d’une minute.

En sortant de cette visite, de retour dans la moderne Hiroschima, nous nous arrêtons devant un cerisier. Leur floraison, véritable événement national connu sous le nom de Sakura, est imminente. Les bourgeon de notre arbre sont encore tous fermés, à l’exception d’une petite fleur blanche, immaculée au milieu de l’arbre encore endormis. Hiroschima a connu l’enfer, mais ici comme ailleurs, les cerisiers refleurissent. Puissent les autres endroits dans le monde qui brûlent sous les bombes, demain aussi avoir à nouveau des arbres qui fleurissent et ranger la guerre dans des musées.

 

                                                                                                             Camille & Michael

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