Sable noir et tortues vertes

Découverte de deux superbes plages de sable noir, de l’ancienne capitale de l’île et nage avec les tortues. Direction Anse Couleuvre près du Prêcheur au Nord et Anse noire au Sud.


Aspects pratiques

Logement : Domaine de Robinson, Anse noire

Activités : Baignade et Snorkeling


Après quatre jours d’acclimatation dans la réserve de la Caravelle, nous avons osé la première incursion dans les terres de la Martinique. Au volant de la petite Clio nous avons traversé la jungle qui borde la montagne Pelée et avons roulé au bout de la route, littéralement.

Anachronisme, manque d’utilité ou problèmes techniques, je ne sais pourquoi mais il demeure qu’une portion à l’extrême Nord de l’île reste incomplète. Autrement dit, entre Anse couleuvre et Grand’Rivière, le seul moyen de continuer c’est de le faire à pied. C’est une randonnée populaire d’environ 14 kilomètres, à plat la plupart du temps et permettant de découvrir une portion vierge de l’île et des plages abandonnées. C’est paraît-il aussi le meilleur endroit pour croiser des Matoutou falaise, les mygales de la Martinique, aussi impressionnantes qu’inoffensives.

Nous ne sommes pas allé taquiner les matoutous. Au vu de la difficulté que nous avons eu les jours précédents à marcher plus de six kilomètres (humidité et chaleur), sans compter le fait que le retour doit être organisé avec les pêcheurs de Grand Falaise (pas de route, donc retour en bateau) sans doute aisé en haute saison mais bien plus complexe en ce moment de l’année, nous avons préféré nous limiter à la visite de la plage de Anse Couleuvre.

La nationale 3 qui mène à Morne Rouge depuis la Trinité est simplement saisissante. La route part à l’assaut de la montagne et se trace un chemin au milieu de la jungle. Les parois escarpées sont entièrement végétalisées et le climat plutôt sec sur les côtes devient humide et même un peu plus frais.

Ancienne maison de la bourse. Saint-Pierre.

Une fois Morne Rouge dépassé, la nationale 2 nous amène à Saint-Pierre, dont nous apprendrons en contemplant l’ancien hôtel des bourses, que a ville fût autrefois la capitale de l’île. Grâce à la culture sucrière et la traite des esclaves, la colonie fondée en 1635 se développe fortement et est communément appelée le Paris des Antilles au XVIIe siècle. Si le palais du gouverneur est transféré en 1692 à Fort Royal, la ville demeure la capitale économique et culturelle de l’île jusqu’en 1902. Le destin de la ville bascule entre avril et mai de cette année. Tout commence par des fumerolles qui s’échappent de la montagne Pelée, créant une atmosphère pestilentielle dans la ville, puis de forts tremblements de terre. Malgré ces signaux inquiétants, les autorités qui vivent au même moment les élections législatives, refusent de déclarer l’état d’urgence et la vie continue presque normalement. Les événements se succèdent cependant rapidement. Le 4 mai, les routes vers le nord sont coupés par les rivières en crue. Le lendemain, une cinquantaine de personnes sont tuées en ville par des serpents fer de lance qui se sont enfuit de la forêt en feu dans les hauteurs. Pour la même raison, une usine sucrière voisine est envahie par des scolopendres venimeux. Sous l’effet des tremblements de terre, la mer se retire de 100m et crée un gigantesque tsunami qui balaie le bas de la ville. La population s’affole mais…les autorités refusent toujours de déclarer l’état d’urgence et les élections législatives suivent leur cours normal. Le 8 mai, ce qui devait arriver arrive et au matin une nuée ardente dévale les pentes de la montagne Pelée en direction de Saint-Pierre. Imaginez un souffle d’air à plus de 1’000°C lancé à plus de 670km/h. En quelques minutes toute trace de vie et la quasi-totalité des bâtiments sont rasés. L’éruption de 1906 aura causé au moins 26’000 victimes. Quant à Saint-Pierre, si certaines ruines demeurent et quelques bâtiments ont été reconstruits à l’identique, elle ne sera jamais plus qu’un petit village perdu au bout de la route du nord.

Coucher de soleil sur la plage de l’Anse Couleuvre.
Ruine de l’Habitation couleuvre. Une ancienne usine à sucre.

Que ce soit pour l’histoire de la ville, les ruines, la plage d’Anse couleuvre ou les randonnées dans la région (il y a une randonnée plus petite à faire depuis Anse couleuvre en direction de la cascade couleuvre) : le détour par le nord vaut la peine.

La prochaine étape est à l’opposé de la côte Ouest de l’île. Anse noire est une petite crique située dans la région des Anses d’Arlets. Si la grande majorité des touristes se contentent d’y passer, nous y avons réservé l’un des 6 bungalows construits par Claude dans le « Domaine de Robinson ». Voiture parquée, nous voici au sommet de la falaise et ce sont tout d’abord 136 marches qu’il faut affronter avec les valises. Cette étape franchie et après avoir récupéré les clés du bungalows, nous voici à l’eau près du petit ponton. La masque à peine enfilé et voilà que sous nos palmes broutent tranquillement une, puis deux et enfin trois tortues. Rencontre magique, qui ne cessera de nous émerveiller pendant les trois jours du séjour à l’Anse noire. Moment magiquement également : le snorkeling au petit matin, au moment où les bancs de poissons se forment dans l’Anse et tourbillonnent autour de nous. Sans oublier évidemment le balai des pélicans, se servant dans cet aquarium comme dans un sachet de friandises.

Bungalow dans l’arbre. Domaine de Robinson.
Ponton. Anse Noire.
La plage d’Anse Dufour. Située juste à-côté d’Anse Noire, elle est pourtant constituée de sable blond.
Ponton à Anse Noire.
Coucher de soleil sur le ponton. Anse noire.
Mabuya pas peureux.

Si la journée les touristes extérieurs sont nombreux, dès la nuit tombée nous sommes seuls sur le domaine. Une tranquillité très agréable évidemment quoique… Imaginez deux être humains dans une arrière plage au soleil tombant. Malgré la moustiquaire et malgré l’anti-moustiques, nous ne manquons pas de servir de garde-manger local. Autre point négatif : l’isolement de la crique est bucolique, sauf quand il s’agit de trouver un restaurant ouvert le soir. Conduire de nuit sur un chemin forestier non éclairé pendant une trentaine de minutes au minimum et sans garantie de succès à l’arrivée… Au bout de trois jours nous nous aspirions à retourner sur les sentiers battus.

Voilà comment nous atterrirons à Sainte-Luce et comment nous irons nous baigner sur la plus belle plage de ce voyage. Nous évoluerons aussi au cœur de la savane des pétrifications et partirons explorer une cascade perdue dans la jungle, à proximité de thermes désaffectés.

Mais de tout cela je t’en parlerai dans le prochain article.

Keep posted !

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