Express des îles

Une croisière dans les Caraïbes à bord d’un ferry ultra rapide. Sur le papier cela semblait parfait et pourtant rien ne s’est déroulé comme prévu…


Aspects pratiques

Logement : Sans recommandation particulière

Activités : Voyage entre Trois-Rivières (Martinique) et Le Gosier (Guadeloupe)


 

Ce matin au petit-déjeuner, les sucriers profitent de la moindre inattention pour subtiliser de la nourriture. Ces adorables petites boules jaunes vont jusqu’à forcer les paquets de sucre du café pour se délecter de l’or blanc qui leur a donné leur nom. Les deux mains sur ma tartine, je constate avec soulagement que notre voisin de table s’en va en laissant derrière lui un trésor de guerre qui devrait occuper ces goinfres ailés.

Sur le départ nous débriefons de notre séjour avec Julie, la propriétaire des lieux. L’occasion d’évoquer notre voyage pour la Guadeloupe. Entre les Caraïbes deux solutions : les airs ou la mer. De nombreuses compagnies aériennes assurent des connexions rapides tout au long de la journée, mais il faut accepter de payer plusieurs centaines d’euros pour un vol de moins d’une heure. L’option maritime est certes plus longue mais l’Express des îles, une compagnie locale, exploite deux catamaran à grande vitesse et propose des tickets à 38€ par personne. Julie fait la moue, elle n’a pris l’Express qu’une fois et ne le refera plus jamais : trop long et trop de vagues. Cela promet !

La discussion continue, sur fond des ronflements du bouledogue de Julie. Enfin du bouledogue…d’un de ses huit bouledogues ! Elle nous raconte que tout cela a commencé par hasard. Elle avait recueilli un chien blessé, trouvé au bord de la route. Évidemment, une fois l’animal à nouveau sur pattes, impossible de s’en séparer. La vie sur les îles étant ainsi, ce type de rencontres se reproduisirent, d’autant qu’à force Julie se forgea une réputation et les malheureuses bêtes lui furent directement amenées. La voici donc à trois balades journalières, en commençant par les bêtes les plus vives pour terminer par celles pour lesquelles un rythme plus serein convient mieux, à l’instar de la demoiselle qui ronfle au soleil sur le porche.

Anecdotes canines à part, nous voici sur le départ. Le ferry ne lève l’ancre qu’à 14h mais Michael tient à être au port plusieurs heures à l’avance. Je râle intérieurement contre cet excès de prévoyance mais charge la voiture et nous nous mettons en route. Entre temps Michael a lu quelques récits de voyageurs ayant emprunté l’Express. Tous décrivent un voyage rythmé par de fortes vagues, avec à choix la moiteur du pont supérieur ouvert aux vents ou les températures polaires du pont inférieur, climatisé.

BHNS arrivant au terminus de Fort-de-France – Almadies. © Wikipedia / Florian Fèvre

La voiture de location restituée, nous voici de retour à l’aéroport d’où nous devrions prendre le TCSP pour le port. Le Transport Collectif en Site Propre c’est la carte de visite des transports en commun de l’île. Un bus articulé de trois voitures, qui circule à vive allure sur des routes qui lui sont entièrement réservées. Ce jour-là— comme très souvent — préavis de grève au sein des chauffeurs. Le véhicule arrive pourtant pile à l’heure et moins de vingt minutes plus tard, nous voici débarqués au terminal de l’Express des îles à Fort de France. Trois heures d’avance et évidemment les guichets sont fermés. Intérieurement je me dis que j’avais bien raison et que nous avions laaargement le temps ! Valises, pavés, petit café dans un bar alentours en attendant.

Une heure passe et nous décidons de retourner au port. Cette fois c’est l’entier de la structure qui est fermée, pas uniquement les guichets mais tout le bâtiment ! Bizarre. Je postule que tout n’ouvrira que dix minutes avant l’embarquement mais Michael suit son instinct et interpelle une employée du site qui passe par là. « L’express des îles pour la Guadeloupe ? Mais il part de St-Pierre aujourd’hui ! ».

Autrement dit, tous les jours de la semaine l’Express des îles quitte le chef-lieu de l’île et ceci depuis le terminal qui porte son nom. Bref, tout cela est parfaitement logique. SAUF le samedi. Ce jour-là, pour une raison que je n’ai pas recherchée, ce foutu bateau embarque à l’extrême nord de l’île, depuis le village de pêcheurs de Saint-Pierre. Pas le temps de s’énerver. Il reste 90 minutes avant le départ et le trajet peut être réalisé en 44 minutes s’il n’y a pas de bouchons. Le ticket annonce qu’il faut être au moins une heure à l’avance au port mais j’espère qu’ils seront compréhensifs. Reste à trouver un moyen de se rendre à Saint-Pierre et heureusement un taxi répond au téléphone et nous charge à peine dix minutes plus tard. Plus que 80 minutes avant le départ et le chauffeur ne prend pas la carte, il faudra donc faire un stop sur la route et toujours croiser les doigts pour qu’aucun accident ne bouche l’unique route qui mène à Saint-Pierre. La vieille Mercedes se traîne dans les montées mais heureusement le trafic est fluide. La cibi diffuse une conversation entre un chauffeur, la centrale et une touriste allemande qui cherche un câble pour son iPhone.

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Marché de Saint-Pierre.
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Port de Saint-Pierre et ferry « Express des îles »
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Dernière vue sur l’île de la Martinique.

Moins d’une heure plus tard l’ancienne maison de la bourse de Saint-Pierre est en vue (cf. Sable noir et tortues vertes). Quelques hésitations et un sens unique à contresens plus tard, nous débarquons au milieu de la file d’attente. Le ferry est à quai, personne n’a encore embarqué, bref tout est sous contrôle. Un peu moins d’une trentaine de minutes après l’horaire, l’embarquement débute. Le ferry est amarré au bout d’un ponton qui a dû connaître des jours meilleurs. Le contrôle des tickets et des passeports se fait par le capitaine en personne qui me demande en rigolant pourquoi je ne lui ai pas rapporté du chocolat suisse. Encore un peu énervé par la virée en taxi (qui a rendu la traversée finalement aussi chère que l’avion), je me contente de sourire et de passer.

A peine à bord nous montons directement à l’étage. Petit truc glané sur internet : les vagues rendent le trajet infernal à l’étage inférieur alors que sur le pont supérieur, malgré la chaleur, l’air du large rend l’expérience tout à fait supportable. Moins d’une heure après notre départ, des dauphins jouent dans les vagues des deux turbopropulseurs du Perle Express. En fin d’après-midi courte escale à la Dominique puis le bateau met le cap sur la Guadeloupe. Des poissons volants animent le voyage, tandis que nous dégustons nos premiers « tourments d’amours », une tartelette à la confiture de coco, spécialité de l’île papillon.

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Escale à La Dominique. Principal lieu de tournage de Pirate des Caraïbes.
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Escale en fin de journée à Terre-de-Haut, petit chapelet des Saintes.
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Coucher de soleil à l’approche de la Guadeloupe.

Arrivée de nuit au port de Pointe-à-Pitre. Formalités douanières un peu longues. Taxi en direction du Bed&Breakfast réservé pour la nuit non loin de là. Le chauffeur hésite, manque l’entrée une première fois et quand nous parvenons enfin en haut du chemin de terre qui mène au Racoon Lodge, des ouvriers s’affairent dans les pièces à l’étage. La propriétaire arrive quelques minutes plus tard et avoue sa confusion : toutes les chambres sont complètes ce soir, notre réservation était prévue pour le lendemain !

Nous ne resterons pas à la rue bien sûr et trouverons rapidement une chambre dans un motel au Gosier. Ce soir-là j’ai promis que je ne me chargerai plus des réservations, ce qui je crois fût une sage décision ! Nous voici donc environ 200 kilomètres plus au Nord, sur l’île de la Guadeloupe, prêts à vivre le reste de nos aventures, notamment nager avec des requins citron, plonger dans des rivières au cœur de la jungle, retrouver des amis allemands, escalader la soufrière et profiter des couchers de soleil sur Montserrat dans un ancien Club Med.

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