Diamant et pétrifications

Après une semaine hors des sentiers battus, retour dans les coins les plus touristiques de l’île, à la découverte du Diamant, de la plus belle plage du monde et d’ancien thermes désaffectés perdus dans la jungle.


Aspects pratiques

Logement : Hôtel Corail Résidence (Anse Mabouya)

Activités : Baignade (Plage des Salines, Cascade d’Absalon) et randonnée (Savane des pétrifications)


 

Voilà une semaine que nous découvrons la Martinique en dehors des grands sentiers battus. La réserve de la Caravelle, déserte à cette période de l’année et Anse noire, raisonnablement peuplée le jour mais absolument abandonnée la nuit. Après trois jours en mode glamping sur la plage, nous décidons de prendre la route des touristes et partir dans le Sud Ouest de l’île, dans la région de Sainte-Luce.

La Clio peine un peu sur les petites routes de montagne, mais le ruban noir se déroule devant nous, tantôt sous la pluie, tantôt au soleil. La météo sur l’île est un concept évanescent. Le temps de se plaindre des nuages, ces derniers auront déjà disparu. On en vient à se tartiner de crème solaire sous la pluie, conservant quelques minutes plus tard le parapluie comme parasol.

Une vingtaine de minutes après le départ, les nuages s’écartent et la route déboule sur un flanc de falaise nue, laissant apprécier une vue panoramique sur l’océan et sur le Diamant. Vous vous en doutez, point de pierre précieuse à l’horizon mais une formation volcanique végétalisée, confetti perdu à moins de trois kilomètres des côtes, dont les parois rocheuses, selon l’éclairage réfléchissent la lumière du soleil, conférant au tout ce surnom de pierre précieuse. Si l’île est aujourd’hui inhabitée, elle a brièvement servie de base navale au début du XIXe siècle, lorsque le contre-amiral Samuel Hood, à la tête de la flotte britannique, y installa une centaine d’hommes et des canons pour harceler la marine française. La position stratégique du bout de cailloux lui valu le titre honorifique de « navire de guerre » : Her Majesty’s Ship Diamond Rock. Les Français ne récupéreront ce bout de terre qu’une année plus tard, au prix de nombreuses pertes humaines. Aujourd’hui « Le Diamant » est inhabité par l’homme mais est devenu un sanctuaire marin apprécié des plongeurs. A la surface, le rocher abrite les derniers spécimens de certaines espèces, notamment la Couresse de la Martinique, une espèce de serpent qui ne vit plus qu’ici.

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Vue sur le rocher du Diamant depuis la D37
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Coucher de soleil sur le Diamant. Vue depuis l’hôtel Corail

Clichés en poche, la route continue jusqu’au Cap 110. Prairie en bord de mer, le lieu est mondialement connu pour les sculptures géantes qui y trônent. Œuvre de l’artiste local Laurent Valère, le Cap 110 n’est pas sans évoquer les bustes de l’île de Pâques. Les statues blanches, tournées vers la mer, sont alignées les unes derrière les autres, tête baissée, regard sombre. L’œuvre évoque le passé esclavagiste de l’île et son nom (Cap 110) est une référence au Golfe de Guinée. Le tout s’inscrit dans une tragique histoire, celle du naufrage d’un bateau négrier dans la nuit du 8 au 9 avril 1830. Une histoire détaillée à quelques mètres de là, à proximité de la maison du bagnard.

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Monument de Cap 110
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Sculptures Cap 110
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Maison du Bagnard
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Installation artistique à Petite Anse

Midi : nous arrivons à la résidence Corail, notre fief pour les deux prochains jours. Accueil impeccable par la gérante des lieux et découverte de la superbe petite plage nichée en contrebas de l’hôtel. Le soir nous partons à la découverte de la Baraqu’Obama, restaurant de plage populaire situé au 67 Boulevard Kennedy, à Sainte-Luce. La spécialité des lieux : la langouste grillée, un vrai délice mais il vous faudra assumer de choisir la bête vivante avant d la déguster une dizaine de minutes plus tard, les pieds dans le sable Le lendemain nous mangerons au restaurant de l’hôtel. Une adresse formidable, à recommander sans réserve : le mabuya offre une cuisine qui mêle les influences françaises et créoles dans un feu d’artifice de saveurs et de couleurs.

En rentrant de la Baraqu’Obama nous échangeons avec le barman. Un métropolitain arrivé adolescent sur l’île, dont il est tombé amoureux. Devenu guide, il nous vante la diversité des paysages et des climats de l’île. Des paroles qui me rappellent celles d’Arnaud à la Réunion, dont je lui donne d’ailleurs les coordonnées, des fois qu’entre guides insulaires des deux bouts du monde, ils aient envie d’échanger. De la discussion nous retirons également des infos pour la petite randonnée du lendemain et un conseil de lieu un peu moins connu à visiter : les sources et la cascade d’Absalon, au cœur de la jungle.

Lendemain matin réveil aux aurores. Le soleil se lève paresseusement à l’horizon tandis que nous avalons notre premier café dans une petite boulangerie près de Sainte-Anne. Nous sommes cette fois à l’extrême sud de l’île, en route pour la Savane des Pétrifications. Le réveil matinal a pour but de nous éviter de trop souffrir de la chaleur le long de cette randonnée côtière. C’est que la savane, comme son nom l’indique ne comporte que peu de végétaux. De fait, on évolue dans un décor désertique en bord de mer, vestige de l’origine de l’ile, puisque le lieu est, avec la Caravelle, les premiers morceaux de terres qui ont, au fil des éruptions successives formés la Martinique. Le ciel ce matin étant couvert, la randonnée est un jeu d’enfant. Les huit kilomètres A/R sont avalés en moins de trois heures, ce qui nous laisse largement de le temps d’apprécier la suite de la journée sur la plage des Salines, la plus belle de l’île et pour ma part, la plus belle que j’ai vu à ce jour. Sable blanc, cocotiers et eau turquoise, le lieu est en plus presque désert ce jour-là. Un aperçu du paradis.

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Début de la randonnée. Au loin le phare de l’îlet Cabrit
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Îlet cabrit est le point de la Martinique le plus au Sud.
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Randonnée Savane des pétrifications.
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Cactus sur le chemin de la Savane des pétrifications.
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Bord de mer.
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Randonnée Savane des pétrifications.
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Savane des pétrifications.

En début d’après-midi nous décidons de changer de décor et partir à la découverte des anciens thermes d’Absalon. Perdue dans la jungle au nord de Fort-de-France, Absalon c’est l’antithèse de la savane des pétrifications. Une heure de route sépare les deux lieux, autant dire un continent à l’échelle de la Martinique. De fait, le climat est ici humide et presque frais, l’eau d’un bleu profond et clairement froide. Le pont qui enjambe la rivière est accompagné d’une série de marches. Quelques détritus sur les bords laissent présager que le lieu est fréquenté par les locaux plus que par les touristes. De fait, une grosse pancarte municipale interdit l’accès à la cascade, signal dans la région d’un lieu populaire mais que les autorités refusent de sécuriser (et donc d’assumer les risques en cas d’accident). Et en effet, au détour d’un arbre, la petite cascade et le bassin d’Absalon apparaissent. Nous voici au cœur de la jungle, dans l’eau glaciale d’une petite rivière, en train de nous baigner en amont de ce qui fût jadis un haut lieu du thermalisme de l’ile. Aujourd’hui ne demeure plus qu’un vieux bâtiment abandonné, sur la terrasse de laquelle trône deux vieilles baignoires remplies par un tuyau d’arrosage fatigué qui crache une eau bouillante qui pue le souffre. Absalon côté thermes, il faut avoir l’âme d’un urbex pour y plonger.

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Plage des Salines, Martinique.
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La plus belle plage de l’île et sans doute du monde.
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Pont au-dessus de la rivière d’Absalon. Ne prêtez pas attention au panneau.
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Cascade d’Absalon. Un bijou au milieu de la jungle.

Randonnée, plage et thermes, nous voici le soir de retour à l’hôtel la tête plein de souvenirs et une petite larme à l’œil : le lendemain nous quitterons la Martinique pour voguer jusqu’à sa sœur jumelle du nord : la Guadeloupe. Une navigation qui a bien failli ne jamais pouvoir se réaliser d’ailleurs, mais ça, je t’en parlerai demain !

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